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Entretien avec Thierry Choffat, président des Vosges Napoléoniennes

Entretien avec Thierry Choffat, président des Vosges Napoléoniennes

Pour ce bicentenaire de la mort de Napoléon, nous avons posé quelques questions à Thierry Choffat, maitre de conférences à l’Université de Lorraine et président de l’association des Vosges Napoléonienne.

Pouvez-vous vous présenter et nous expliquer le but de votre association ?

Professionnellement, je suis maître de conférences à l’Université de Lorraine. Contrairement à ce que l’on croit souvent, je ne suis pas prof d’histoire, mais de droit et sciences politiques. 

L’association des « Vosges napoléoniennes » a été créée en 2001 par Roger Veyer. Elle a surtout pour objectif de mieux faire connaître et apprécier l’histoire napoléonienne, en gros de la Révolution à 1870 car nous y incluons le Second Empire. Nos actions sont très diverses, conférences, voyages, expositions, bivouacs, reconstitutions, cérémonies… Nous avons une belle bibliothèque ouverte à tous ainsi qu’un local bien décoré avec des gravures et tableaux napoléoniens. Surtout, nous insistons sur la convivialité. Il s’agit de partager notre passion, d’intéresser les jeunes à l’histoire, dans un bon esprit. Nous avons 900 adhérents, essentiellement, mais pas uniquement, en Lorraine. Les intérêts sont tous très différents. Pour certains, c’est l’œuvre civile de Napoléon qui les intéresse. Pour d’autres, c’est la stratégie militaire, ou encore les voyages sur sites, l’art, les figurines, les costumes et uniformes, les armes, la philatélie, la numismatique, la collection d’objets ou de gravures…

A titre personnel, comment vous êtes-vous pris de passion pour Napoléon ?

Je suis passionné de Napoléon depuis ma jeunesse, disons vers les 10 ans. C’est surtout l’œuvre civile du Consulat et de l’Empire qui m’a impressionné, le code civil, le cadastre, le code pénal, le franc germinal, la Banque de France… Je m’étonnais surtout de voir que les créations impériales sont non seulement nombreuses, mais que de surcroît, elles ont été établies en peu de temps (15 ans, c’est court dans l’histoire de France) et que globalement, beaucoup restent encore en place deux siècles après. Ensuite, j’ai approfondi, beaucoup lu, écrit, me suis passionné pour l’Homme Napoléon, le Second Empire, la persistance du courant bonapartiste dans la vie politique française.

Reconstitution de la Bataille de Waterloo avec l'association des Vosges Napoléoniennes

Si vous deviez recommander à un passionné de l’histoire du premier Empire un déplacement à absolument faire, lequel serait-il ?

Il y a tellement de voyages à faire ! Avec les Vosges napoléoniennes, je crois que nous sommes allés à peu près partout, sur tous les sites de batailles et de campagnes, Arcole, Rivoli, Marengo, Austerlitz, Iéna, Essling, Wagram, Friedland, Eylau, La Mosckova, La Bérézina, Dantzig, Bautzen, Waterloo, Ajaccio… Il nous reste l’île de Sainte-Hélène et l’Egypte.

A titre personnel, je recommande la Bérézina, actuellement en Biélorussie. C’est toujours émouvant de se rendre sur les lieux de la construction des ponts. Le site n’a guère changé. N’oublions pas que contrairement à ce que l’on dit souvent, c’est une victoire française. Et que d’exploits à ce moment-là !

Quand on organise un voyage, on en profite pour rappeler le contexte de la campagne, les raisons, l’état des forces. On explique les batailles, on observe les lieux, on suit le parcours des armées, on visite, on repère les souvenirs restants, plaques commémoratives, maisons, tombes, monuments…

Balancier d'Austerlitz, fabriqué à partir des canons Russes capturés, utilisé pour frapper les francs sous Napoléon. Photo musée de la Monnaie de Paris.

Comment allez-vous commémorer le bicentenaire de la mort de Napoléon ?

De grandes cérémonies étaient prévues, avec un défilé à Paris le 2 mai, des cérémonies et animations à Paris… La situation sanitaire risque de diminuer les manifestations.

Donc, nous verrons ce qu’il sera encore possible de faire.

Les Vosges napoléoniennes ont également prévu d’organiser des événements plus locaux. La principale activité était de proposer trois journées de festivités dans le village de Sainte Hélène dans les Vosges où, en 2015, nous avions déjà commémoré, juste deux siècles après, le débarquement de Napoléon sur la « vraie île de Sainte-Hélène ». Nous avions prévu de lancer des concours pour les enfants, de reconstituer l’ambiance et la mort de Napoléon, de mettre en place des expositions, des conférences, une messe solennelle, un grand défilé… Là encore, la Covid nous oblige à reporter cet événement à 2022. Mais nous maintiendrons des actions symboliques le 5 mai : dépôt de gerbe, cérémonie et sans doute conférence à Nancy ou Sainte-Hélène.

Que reste-t-il de Napoléon de nos jours dans notre société ?

Tout ! Napoléon l’avait dit lui-même, ce qui restera de son règne, ce ne seront pas ses 40 victoires, mais son œuvre civile. Et deux siècles après, il faut bien l’admettre, nous vivons dans une société napoléonienne. Beaucoup de nos institutions administratives, financières, juridiques, sont dues à Napoléon. On pourrait dresser une liste, mais nous n’atteindrons pas l’exhaustivité : Cour des comptes, Conseil d’Etat, Code civil, code pénal, cadastre, lycée, baccalauréat, université, numérotation des rues, abolition de la traite des noirs et du servage, préfets et sous-préfets, Légion d’honneur et Palmes académiques, pompiers de Paris, les prud’hommes, l’ordre des avocats, le concordat, les chambres de commerce…

Avec de telles réalisations, on ne voit pas trop pourquoi on ne célébrerait pas dignement le bicentenaire de sa mort. D’autant plus que Napoléon reste le personnage historique préféré des Français… et des autres. Il est même sans doute encore plus populaire en Pologne, en Russie, en Belgique qu’en France. On calcule que tous les jours depuis sa mort, deux livres paraissent sur lui. Les ouvrages, émissions et magazines qui parlent de lui sont souvent de réels succès. Enfin, il reste un exemple, une référence pour beaucoup. Les hommes d’Etat contemporains auraient avantage à s’inspirer de Bonaparte ! Même pour de jeunes enfants, il est un exemple, un jeune immigré corse qui arrive au sommet de l’Etat, c’est l’illustration de la méritocratie, de l’égalité. 

Nous vous recommandons de visiter le site de l’association : http://www.vosgesnapoleoniennes.eu/

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